Dossier
Espace. Etat des lieux
Le programme spatial de
la République Populaire de Chine (PRC)
Ces notes sont adaptées et traduites (sauf les
noms des organismes et des programmes) de Wikipedia http://en.wikipedia.org/wiki/Chinese_space_program
Les
commentaires finaux sont de nous (J.P.
Baquiast)
Résumé :
L e programme spatial de la PRC a été initialisé
en 1968, à la suite de premiers essais destinés
à se doter de lanceurs militaires après
la rupture avec l’URSS en 1960. Le premier satellite
chinois, Dong Fang Hong I (L’est est Rouge) fut
lancé en 1970. En 30 ans, 50 satellites dérivés
du Dong Fang Hong ont été mis en orbite.
Le programme de vol habité a été
lancé en 1968 et la Chine a réussi en 2003
à devenir la 3e puissance, après l’URSS
et les Etats-Unis, à mettre un cosmonaute (taïkonaute)
en orbite.
Historique
et perspectives
Le maître d’oeuvre des programmes spatiaux
habités fut dès le début le Space
Flight Medical Research Centre. Le Projet 714 fut engagé
en 1973 avec l’objectif de satelliser 2 hommes dans
les meilleurs délais. Le vaisseau retenu fut le
Shuguang-1 et le lanceur une fusée CZ-2A capable
d’emporter la charge correspondante. Le programme
fut arrêté en 1972 faute de financement suffisant.
En
1992, le projet fut repris sous le nom de Project 921
devenu Programme Shenzhou. De 1999 à 2002, 4 Shenzhou,
numérotés de 1 à 4, furent lancés,
avec des animaux puis des mannequins. A la suite des succès
enregistrés, la mission Shenzhou 5, emportant le
taïkonaute Yang Liwei, permit à la Chine,
comme indiqué ci-dessus, de devenir le 15 octobre
2003 la 3e nation au monde à satelliser un humain.
Shenzhou 6 pris la suite 2 ans plus tard, emportant 2
hommes (notre photo). Ces premiers astronautes sont, à
juste titre, considérés comme des héros
nationaux. Toute l’Asie et même l’Occident
ont suivi avec attention et admiration leurs exploits
et ceux des équipes à Terre. Les risques
en effet n’étaient pas peu importants.
En 2006, deux autres missions Shenzhou sont planifiées,
comportant d’autres équipages, avec des sorties
dans l’espace. Les missions sont désormais
assurées par des lanceurs Long March 2F à
partir de la base dite Jiuquan Satellite Launch Center.
En février 2004, la PRC a officiellement lancé
une première phase d’exploration de la Lune,
utilisant des engins inhabités. L’organisme
en charge de ce programme est la China National Space
Administration. Selon son administrateur Sun Laiyan, le
programme comportera 3 phases : mise en orbite lunaire
(avant 2007), alunissage, retour d’échantillons.
La 1e phase est estimée à 170 millions de
dollars. L’alunissage devrait être réalisé
avant 2010. Le retour sur Terre des échantillons
lunaires est planifié pour avant 2020.
Le 25 novembre 2005 le responsable des vols habités
a annoncé que la China National Space Administration
avait décidé de réaliser une station
orbitale et une mission habitée sur la Lune vers
2020, sous réserve de financements par le gouvernement.
D’ici là, de nombreux vols perfectionneront
les procédures de marche dans l’espace et
d’accostage (docking). Les lanceurs lourds utilisés
pour ces missions seront de la série Chang Zheng
5. A partir de 2012, des essais perfectionneront les procédures
de retour vers la Terre de capsules inhabitées,
le tout pendant 5 ans environ.
Organisation
Confiés
initialement à l’Armée populaire de
Libération, les programmes spatiaux de la PRC furent
réorganisés dans le cadre de la gestion
des programmes généraux d’industries
de défense. Comme indiqué ci-dessus, l’Agence
responsable pour les vols est la China National Space
Administration, qui dépend de la Commission of
Science, Technology and Industry for National Defense.
Les lanceurs banalisés auxquels il est fait appel
sont de la série bien connue en Occident dite Longue
Marche, produite par la China Academy of Launch Vehicle
Technology. Les satellites sont fabriqués par la
China Aerospace Science and Technology Corporation. Cette
dernière est une entreprise d’Etat mais il
est envisagé de l’ouvrir à des capitaux
privés (chinois) voire de la mettre entièrement
sous un statut de droit privé.
Les établissements publics de recherche Tsinghua
University et Harbin Institute of Technology apportent
leurs compétences à l’ensemble de
ces projets.
Objectifs
à long terme
Le programme spatial chinois prévoit des objectifs
à long terme détaillés dans divers
documents, dont un Livre Blanc de la China National Space
Administration. Ces objectifs sont les suivants :
*
Etablir un système d’observation satellitaire
de la Terre
Les réseaux actuels (remote sensing) ont déjà
de nombreuses applications qui seront développées
: météorologie, industries minières,
agriculture, forêts, gestion des ressources en eau,
océanographie, séismologie, planification
urbaine.
*
Réaliser un réseau indépendant de
satellites de communication
* Mettre en place un système indépendant
de positionnement satellitaire et de navigation
* Offrir des services de lancement commerciaux au reste
du monde
* Réaliser des études scientifiques en microgravité,
matériaux, sciences de la vie et astronomie
* Entreprendre l’exploration au sol de la Lune.
Ce dernier objectif supposera la réalisation d’une
station spatiale habitée, de nombreuses missions
humaines lunaires et la construction d’une base
lunaire durable.
Parmi les programmes scientifiques, on peut noter
* Le lancement de satellites évolués, de
la série Dong Fang Hong
* Le lancement du plus grand télescope solaire
du monde en 2008 (Solar Space Telescope)
* La mise en place d’un réseau de suivi des
sondes dans l’espace lointain (deep space) avec
la réalisation de la plus grande antenne radio
du monde (500m de diamètre) à Guizhou
En
matière de lanceurs, les solutions
prévues sont les suivantes : Kaituozhe-1 nouveau
lanceur à carburant solide
• Les fusées Longue Marche (Chang Zheng 1
- 4) - photo
• La fusée Chang Zheng 5 disposant de carburant
plus efficaces et non toxiques et pouvant délivrer
25 tonnes en orbite basse
• La fusée Chang Zheng 6 , seconde génération
de la précédente, lanceur lourd pour les
missions lunaires et les injections de sondes dans l’espace
profond (70 tonnes en orbite basse).
• Parallèlement, les 3 bases de lancement
actuellement en service (Jiuquan, Xichang and Taiyuan)
seront completes par la base de Hainan Spaceport plus
proche de l’équateur et équipée
pour les lanceurs lourds de la série CZ-5 et 6.
Véhicules et stations
Ces projets feront appel à tous les véhicules
et systèmes nécessaires à des missions
orbitales et lunaires de longue durée. Citons :
• Le Projet 921-1 — Shenzhou spacecraft
• Le Projet 921-2 — Laboratoire spatial et
Station spatiale permanente
• Le Projet 921-3 . Il s’agit d’une
navette réutilisable, mais le projet semble abandonné.
• Shenzhou Cargo . Il s’agit d’un cargo,
version non habitée du Shenzhou spacecraft destiné
à ravitailler la Station Spatiale permanente
Missions lunaires
Les missions lunaires comporteront les phases suivantes
•
Première
phase, exploration
•
Deuxième
phase: premières installations durables et début
d’exploitation des ressources lunaires
•
Troisième
phase: bases lunaires permanentes et exploitation des
ressources lunaires à grande échelle
Ces
missions lunaires seront accompagnées d’exploration
par sondes du système solaire. Elles pourront être
suivies par l’exploration de Mars, avec des robots
d’abord puis par des équipages.
Pour
en savoir plus
China's Space Activities (White Paper)
http://www.cnsa.gov.cn/english/spacye_policy/more.asp?id=7
Nos
commentaires
- Les documents disponibles pour le grand public ne précisent
pas les systèmes satellitaires militaires, qui
pourraient entre autres comporter des systèmes
anti-satellites (ASAT).
- Tous les programmes présentés sont conçus,
financés et à ce jour réalisés
par des organismes publics. En aucun cas ne se pose donc
la question de leurs éventuelles rentabilités
commerciales.
- Tous les programmes présentés sont conçus
comme devant être réalisés avec des
ressources nationales, implantées sur le sol chinois.
L’importation est exclue. Des coopérations
internationales sont possibles, mais elles sont conçues
comme temporaires (ex : Galiléo). Par contre la
Chine n’exclue pas de vendre des produits et services
sur le marché international, à des prix
échappant à tout calcul économique
de type occidental.
- Le véritable moteur de tous ces développements,
y compris sous leur aspect militaire, est représenté
par les vols habités, devant déboucher très
vite sur l’exploration lunaire puis martienne. Pour
l’influence de la Chine dans le monde, à
commencer sur la zone Asie Pacifique, ces vols apportent
un grand prestige diplomatique.
- Il est difficile d’évaluer les capacités
de la Chine à suivre, non pas budgétairement
mais technologiquement, ces ambitieux programmes. Néanmoins,
les objectifs fixés en matière de vols humains
orbitaux ont été jusqu’ici remplis.
- La Chine ne cherche pas de solutions technologiquement
sophistiquées, suivant en cela l’exemple
russe. Au niveau de ses ambitions, elle vise seulement
à « coller » aux réalisations
américaines – ce qui est déjà
beaucoup.
- La Chine affirme en toutes occasions qu'elle n'a pas
de visées militaires offensives. Elle prétend
ne pas vouloir contester la puissance américaine.
Néanmoins, les stratèges américians
estiment qu'elle fait tout pour, à échéance
de quelques décennies, jouer dans l'espace civil
et militaire le rôle de challenger tenu par l'URSS
jusqu'à son effondrement.
- L’Europe devrait en tirer la conclusion que si
elle ne suit pas le même chemin que la Chine, avec
des méthodes et des principes voisins (priorité
aux financements publics et aux ressources nationales)
elle aurait disparu de la scène spatiale dans quelques
années.
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